Acte I Scène 4: Réunion en Arden

Conteur a écrit:

Pendant ce temps non loin de là dans le chateau d'Ambre, on frappe à la porte de la suite de Thaïs...

*Bon sang ! pas moyen d'avoir la paix dans ce fichu palais !*

Encore tremblante de ma dernière vision, je ne réponds pas tout de suite à mon inopiné visiteur. Il ne pouvait pas plus mal tomber. J'aurais eu besoin de faire le tri. Pourquoi m'avaoir mis tout mon passé en mémoire ? Avoir rallumé mes ambitions pour ensuite me montrer... ça ? Les deux sont-elles liées ? Quel rôle dois-je jouer ? Car la mystèrieuse galerie des miroirs ne fait rien au hasard parait-il...

J'aurais eu besoin de temps pour analyser le tout. Et voilà qu'on me demandait ! Comme si la galerie savait que quelqu'un viendrait toquer à ma porte et souhaitait que j'ouvre.. Et bien soit ! Voyons voir qui vient ainsi me déranger dans mes appartements.

C'est avec un visage impassible que j'ouvre la porte.

- Oui ?

Je suis étonné lorsque Merlin me tend la main pour suivre l'espiègle artiste. J'ai un regard pour Bénédict qui, d'un battement de cil, me fait comprendre que je peux y aller. Bénédict, un arbre qui parle au vent, voilà à quoi il me fait penser dans sa débauche de mots.

Je donne la main à Merlin et je les suis vers l'inconnu.

Une forêt, aux senteurs fortes, plus fortes encore que celle pouvant être humées à Cryso après une bonne pluie. Le bois, l'humus, les fougères, tout semble rassemblé en un patchwork de fragrances.

J'ai à peine le temps de me rendre compte de notre destination que voici Julian et immédiatement, je sais où nous nous trouvons. Arden. La forêt antique qui borde Ambre. Est-ce notre destination finale ?

Dans un mouvement de tête, je réponds à mon oncle, utilisant la même familiarité brute, animale, que lui.

"Bonjour Julian."

Il se détourne, j'en fais autant, observant le nouveau venu. Eloïs semble-t-il. Je m'avance vers lui, alors que l'impression qu'il me donne est mauvaise, comme si un danger latent suintait de lui. Je lui tends la main pour me présenter.

"Enchanté. Quel parent vous vaut de participer à cette réunion ?"

Alors qu'il réponds, je me tends un peu. Non que sa réponse me fasse froid dans le dos, mais car je viens de repérer ce qui me dérange chez cet homme. Son odeur ! Celle d'un dragon ! Ils ont été combattus longtemps en Cryso, avant que le dernier connu ne voie sa tête placée en trophée derrière mon trône. Je l'ai souvent touché et cette odeur n'a nulle autre pareille.

Avec correction et empressement, je m'éloigne de lui, c'est instinctif, profitant de la dernière inconnue comme d'une excuse.

La personne semble un peu en retrait, contrairement à sa cousine qui monopolise l'attention. Assise ainsi par terre, on dirait une fleur qui n'attend qu'à se développer. En chevalier que le suis, je m'approche d'elle, mets un genoux à terre et lui tends la main pour l'aider à se relever.

"Permettez ?" dis-je, comme s'il était nécessaire que je m'excuse de vouloir la cueillir.

Me relevant avec elle, je garde sa main dans la mienne pour y poser un souffle délicat.

"Vous voyant, je comprends enfin pourquoi il était important que je sois là. Je suis enchanté de vous rencontrer."

Je la libère de ma main, écoutant un instant les mots qui s'envolent de sa bouche, avisant le sourire sur les lèvres de sa mère avant son départ. Ma tante ne m'aura pas laissé le temps de la saluer. Du peu que j'en ai vu, elle semble au moins aussi belle que sa fille, en moins fragile.

Merlin m'appelant, je fais quelques pas pour le rejoindre et observer la manoeuvre.

Je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil en voyant la reine Vialle en personne derrière ma porte. Sans l'interrompre, je lui tends la main avec déférence pour la mener vers le fauteuil le plus confortable de mon salon, avant de m'asseoir à mon tour.

Ainsi, elle n'est pas étrangère à mon changement de statut ? Hum... Je me suis toujours demandée quelle place la reine aveugle avait précisément à Ambre elle, l'ombrienne. Il est clair qu'il est bien plus grand que ne le laisse songer les apparences - et cette phrase le prouve. Mais pourquoi m'en informer ? Attendrait-elle de moi de la reconnaissance ? Elle pourra attendre longtemps, en ce cas. Pourtant, il s'agit sans doute d'une des personnes les plus respectables, à mon sens, de ma sinistre famille.

Random, paternel ? Qu'est-ce que cela est censé me faire ? J'aime les boulettes de viande au curry, moi. Ca change quelques chose ? Je regarde la main frôler le ventre. Alors elle attendrait un enfant ? Légitime, celui-là ? Je ne peux empêcher ma mâchoire de se crisper. Il est évident que la bonne résolution que m'a fait prendre la dernière image emportée de la galerie n'a pas éteint toutes mes ambitions personnelles... Mais je ne fais pas un geste que pourrait percevoir Vialle comme étant le signe d'une quelconque agitation.

Ce geste est-il naturel ou calculé ? Cherche-t-elle à me faire comprendre que la place est prise, et cela pour très, très longtemps ?

Je feins ne pas avoir perçu l'allusion, me contentant de répondre aux dernières informations. Cela me semble être une bonne blague et je ne peux m'empêcher d'être sarcastique, comme souvent :

- Un camp de boy-scouts pour apprentis ambriens ? Cela est fort mignon, mais je ne vois pas très bien en quoi cela me concerne - avec tous le respect que je vous dois, Votre Majesté. N'ai-je pas déjà prouvé, en tant qu'ambassadrice de Qüm, que je savais évoluer dans le palais d'Ambre et éviter aux pièges à loups familiaux ? N'ai-je pas déjà fait mes preuves en tant qu'Ambrienne ?

La voyant saisir la bouteille sans hésitation, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.

Tout en me demandant si elle est réellement aveugle.

Je me lève, commence à mettre ma longue cape d'un rouge sombre et mes gants assortis.

- Soit, ne suis-je pas une nièce adorable qui ne souhaite faire plaisir qu'à son oncle adoré, dis-je avec humour. Et comment refuser une faveur à celle qu connait tous mes vices cachés ?

Pour être honnête, j'aurais bien envie de prendre un autre atout que celui de Julian et de lui fausser compagnie quelques temps. Mais ce n'est pas le moment... L'image de désolation offerte par la galerie, qui me renvoie ici pour entendre "l'invatation" de Vialle... Ce n'est pas un hasard. Je dois y aller. Et puis, après tout, je suis bien curieuse de rencontrer mes chers cousins inconnus... Et de montrer ma supériorité face au fils de Random. Peut-être y rencontrerais-je enfin l'enfant de Flora ? Je sais qu'elle existe, mais ne connais même pas son nom...

Sortant les atouts de ma poche, je saisis celle de Julian.

- Votre Majesté me permet-elle de prendre congé pour obair à son ordre ? Car j'imagine que ce n'est pas maintenant vous m'expliquerez les véritables raisons de ce camp de boy-scouts, n'est-ce pas, Votre Majesté ?

Dans la voix, une pointe d'humour, et aucune d'amertume. C'est le jeu... autant en rire !

- Enchantée de vous voir mon oncle...

Et me voici en Arden, cette vieille forêt épouvantable. Aussitôt, mes yeux se posent sur ma chère famille, connue et inconnue. Prenant un chapeau imaginaire, je fais une révérence pleine de panache àl'assemblée.

- Cousins, cousines, je me présente : Thaïs d'Ambre, fille d'Eric Ier.

Comme toujours, je n'omets pas de préciser le "premier", humble rappel à la royauté d'Eric...

Je jauge du regard les personnes présentes, visiblement curieuse, ne laissant paraître aucune de mes impressions.

Je salue de même Merlin. Le fils de Corwin... Les différends de nos pères vont-ils jouer dans nos relations ? Si mon cousin est aussi belliqueux que son père, cela risque d'être amusant.

Et Martin... Même pas la peine d'en parler. Je le salue cependant avec chaleur - après tout, nous sommes les deux seuls de la nouvelle génération à vivre au palais, autant faire semblant d'être en bons termes quand on doit se cotoyer...

J'attends que les inconnus se présentent avec un sourire. Intérieurement, je me demande qui est ce Luke que nous attendons... *Amusant, il porte le même nom que le fils de Jasra...*

Martin. Elle le reconnu puisqu'elle en avait la carte. Et maintenant, à peine s'était il écarté, une autre femme inconnue. Drôle de demoiselle d'ailleurs... Ellipse s'était dirigée vers Martin dès que celui ci avait émergé de l'atout, mais les multiples cousins arrivaient trop vite pour qu'elle ait le temps de tous les saluer. Pourtant elle était bien décidé à ne pas en oublier un seul. Ce n'est pas quelle ne veille pas les voir se vexer mais plutôt qu'elle soit décidée à établir un plan de la famille. Avant que la nouvelle venue ne se mette à parler, elle fit une petite révérence à l'adresse de Martin mais du lâcher l'affaire car cette Thaïs était nettement plus bavarde. Bon sang, elle aussi elle avait fait des cours de théâtre ? Ou était-ce naturel ? Tous les ambriens avaient un sang de comédien mais certains le poussaient à l'extrême et elle ne pouvait pas le leur reprocher, en faisant partie. Avant se tourner vers sa nouvelle cousine, elle sourit tout de même au fils de Random lui lança un salut oral puisque son aspect ne le prêtait guère à répondre à une révérence.

- Enchantée de faire votre connaissance, Martin.

La fille d'Éric ? Amusant, et elle ne semblait pas avoir la langue dans sa poche. La demoiselle pourpre fit un pas presque dansant vers Thaïs et répondit d'une courbette encore plus exagérée que celle de sa cousine. Si elle voulait vraiment jouer au plus obséquieux elle allait être servit. Ellipse n'ignorait pas que cette révérence ne contenait pas la moindre marque de politesse, mais la sienne non plus et quelle importance ? Elle se remit à bavarder d'un ton joyeux, toujours un grand sourire lumineux aux lèvres.

- Bonjour et bienvenue à l'école, chère cousine Thaïs. Je suis Ellipse, déléguée de la classe auto-désignée à l'unanimité. J'espère que vous vous plairez notre établissement.

Elle se rapprocha un peu plus de Thaïs, observant sa réaction mais jouant toujours son rôle de présentatrice plus que de déléguée. Au lieu de se remettre à parler tout de suite, elle tourna sur elle même en faisant voler ses cheveux et les pans de sa robe. Ses yeux verts passèrent sur chacun, particulièrement sur Eloïs, Thaïs et Martin qu'elle ne connaissait pas encore. Il ne manquait plus qu'une personne ? Et bien tant qu'à jouer la déléguée, autant mener son rôle jusqu'au bout. Elle pourrait en apprendre un peu sur ses congénères même si il lui fallait avant donner l'exemple. Quand elle eu finit sa ronde et pris sa décision, elle se lança donc sans changer de ton.

- Puisqu'il n'en manque plus qu'un, lançons les présentations de groupe ! Thaïs a déjà commencé, à mon tour. Elle fit une seconde courbette en tournoyant pour inclure tous le monde dans son cercle avant de continuer. Ellipse, fille de Fiona, première dame d'Ambre. Et aussi dessinatrice chevronnée d'atouts parait il.

Le "première dame d'Ambre" n'était bien sûr là que pour singer le titre que Thaïs avait donné à son père. Ellipse tenait à voir sa réaction, mais en prononçant ses dernières paroles, son regard était fixé sur Merlin qui lui avait fait compliment de son œuvre un peu plus tôt. Continuant son mouvement, elle recula vers le jeune homme et darda ses yeux verts sur Thaïs pour voir sa réaction. Elle n'avait pas lésiné sur les piques cette fois... Elle testait. Et ne perdait pas non plus Julian des yeux.

Quand Ellipse répond à ma révérence par une autre tout aussi ridicule, je ne peux m'empêcher de sourire. Elle n'a pas froid aux yeux, celle-là au moins. Finalement, tout cela pourrait être plus amusant que prévu...

Ellipse a écrit:

- Bonjour et bienvenue à l'école, chère cousine Thaïs. Je suis Ellipse, déléguée de la classe auto-désignée à l'unanimité. J'espère que vous vous plairez notre établissement.

Je hausse un sourcil tandis qu'un sourire ironique se dessine sur mes lèvres. Son humour répond si bien au mien...

Ellipse a écrit:

- Puisqu'il n'en manque plus qu'un, lançons les présentations de groupe ! Thaïs a déjà commencé, à mon tour. Elle fit une seconde courbette en tournoyant pour inclure tous le monde dans son cercle avant de continuer. Ellipse, fille de Fiona, première dame d'Ambre. Et aussi dessinatrice chevronnée d'atouts parait il.

- Et bien, chère déléguée, tout ceci est formidable. Fiona, première dame d'Ambre, vraiment ? Je croyais que ce titre revenait à Flora ?

Je dis cela nonchalament, peu poitilleuse sur les titres des uns et des autres en vérité. Le fait qu'elle rélève ses propres compétences m'amuse. Elle apprendra vite à cacher ses talents pour survivre. Mais cette prétention est somme-toute amusante. Elle a visiblement envie de se mettre en valeur à nos yeux.. ou aux siens ? Trop souvent les gens qui se mettent en avant sont en vérité fragile... Cette cousine a l'air réellement intéressante. Il sera marrant de la voir évoluer parmis les loups.

Je hoche la tête.

- C'est exact. Mais cela fait peu de temps qu'elle est, les nouvelles habitudes sont parfois dures à prendre, dis-je d'un ton indifférent... Et sinon, à qui ai-je l'honneur ?

Je note alors les cheveux verts de mon interlocuteur. Un Rebmien ? Cela expliquerait pourquoi il attache de l'importance au fait que le titre soit attribué à Vialle...

J'ajoute avec un sourire.

- Mais La reine Vialle est pour moi mieux que la Première Dame, elle est ma Reine.

C'est dit sobrement, crédible. Et, de fait, il y a beaucoup de vrai malgré tout. Si j'envie le couple royal, cela ne m'empêche pas de le respecter. Et puis, si les temps à venir sont si sombres que ce qu'on m'a montré, ils auront plus que besoin de toutes les allégeances. Et je ne ferai pas défaut à la marelle.

Selene s'étira voluptueusement dans l'herbe en entendant son Oncle approcher. Elle se redressa doucement et regarda le cavalier et son nouvel invité, Eloïs d'après le jeu que lui avait donné sa mère. La magnifique bête montée par Julian la fascinait toujours autant. La monture d'Eloïs l'intriguait également, sans qu'elle pu identifier précisément pourquoi. Elle tiqua un peu sur l'étrange couleur de cheveux du jeune homme, mais par rapport à ce qu'elle avait vu aujourd'hui, elle laissa simplement son cerveau enregistrer l'information. Par contre à voir la tête de l'Oncle Julian elle su une chose avec certitude, il était loin d'être enchanté de baby-sitter leur bande de jeunes apprentis.

Et voilà qu'Ellipse réapparaissait de nul part, un atout encore sans doute, accompagnée d'un certain Merlin et l'un nouvel inconnu, Trame. Selene écouta sans dire un mot, les reproches de son Oncle et la galante excuse de Merlin. Elle restait assise dans l'herbe souriante, la tête légèrement penchée sur le coté. Dans sa tête se dessinait l'arbre généalogique de la famille. Elle se demandait combien de cousins, cousines elle allait encore se découvrir aujourd'hui. Visiblement les retrouvailles n'étaient pas encore terminées.

Flora regarde sa fille dans les yeux
"A très bientôt, il me faut repartir! et pour Keiko ne t'inquiète pas je te le ramènerai"

Selene répondit d'un signe de la tête "Merci mère, je vous en saurai fort gré. J'espère vous revoir bientôt" et elle la regarda partir.

Elle se retourna vers le groupe en entendant la présentation ironique qu'Ellipse faisait d'elle. Elle sourit et inclina la tête, se reconnaissant ainsi dans la description faite pas sa délicieuse cousine, toujours assise paresseusement dans l'herbe. Elle ne sembla pas relever la pique lancée contre elle. Après tout elle n'avait découvert une partie de ses origines que cet après-midi même. Dieu, comme Los Angeles lui semblait loin soudain. Que le reste fut encore dans l'ombre, après tout, quelle importance.

Le jeune Trame s'avança et galamment mit un genou à terre pour l'aider à se lever. Selene lui décrocha un sourire timide et s'appliqua à rosir légèrement. Après tout si son cousin désirait la traiter comme une jeune fille en fleur autant lui donner la réaction attendue. Elle replia doucement ses genoux sous elle, accepta la main tendu. Elle se leva ensuite, ne prenant appui que très légèrement sur la main de son cousin, lui signifiant que son geste avait été le bienvenu, sans entraver cependant la fluidité ni la grâce de ses mouvements. Une fois debout elle s'inclina dans une révérence aussi élégante que lui permettaient ses habits du XXème siècle.

*Si j'avais su, j'aurai sans doute pris un autre costume dans ma loge ce soir....pensa-t-elle. Et un poignard effilé n'eut pas été de trop non plus s'empressa de rajouter la petite voix de son inconscient.

Moi de même cher cousin fit-elle en réponse au compliment du jeune homme.

Son attention fut immédiatement attirée par les paroles de Merlin. D'un pas léger, elle s'avança, curieuse de découvrir l'exact étendue des pouvoirs familiaux. Ainsi elle ne s'était pas trompée en soupçonnant une certaine magie chez sa cousine et sa génitrice.

De mieux en mieux, jusqu'où iront mes découvertes aujourd'hui.

"- Oh, nous avons encore de la visite ? Autant attendre tous le monde et faire des présentations générales. Où sont nos pupitres, oncle Julian?"

Selene eut un sursaut en entendant le rire de Julian en réponse à l'humour d'Ellipse. Elle en se souvient pas avoir vu son Oncle si sévère et si sombre jamais décrocher plus qu'un sourire. Toujours sans mot dire, elle observa avec attention les deux nouveaux arrivants Martin et Thaïs.

* Mais c'est qu'il va me falloir un carnet entier pour y caser ma famille. Moi la pauvre orpheline !

Selene écoutait amusée la débauche de titres que se donnent d'un coup les membres de la famille. Thaïs, recherchant l'honneur, Ellipse avec humour comme à son habitude. Toujours en retrait elle observait les réactions de uns et des autres. En entendant la discutions pointilleuses sur le titre de première dame, elle se dit que décidément Magus n'avait pas noirci le tableau. Les affaires de famille et de successions étaient bien l'objet de constantes discussions et sans doute de bien des complots.

Elle fut tout de même un peu sonnée par le déluge dont s'affubla Eloïs, nonchalamment appuyé à l'arbre et caressant un étrange chat noir.

Quand son tour vint, elle s'inclina avant de dire d'une voix douce mais claire "Selene, fille de Florimel et comme vous l'a si brillamment exposé ma cousine d'un illustre inconnu." Souriante, elle n'affichait aucune gène face à ses origines bâtardes. Si elle restait discrète et en retrait ce n'était nullement épatée par l'attitude royale de ses cousins mais simplement parce que la position d'observatrice lui convenait pour l'heure parfaitement.

Citation :

"Je suis Eloïs, fils de Corwin le faiseur de Roi et créateur de Marelle et de la reine Moire de Rebma.
Je suis donc prince d'Ambre, Prince de Paris, la marelle de Père et Prince héritier de Rebma."

Corwin, faiseur de roi ? Là, il faudra qu'il m'explique... Quant à Paris et Rebma... Une abherration et un reflet. Comment peut-on en être fier quand le sang d'Ambre, la Seule et Unique, coule dans ses veines ? Essaie-t-il de m'impressionner ? Perdu : il me rassure. Qu'il aille voir ailleurs, chez papa et maman, c'est très bien. Ainsi il laisse la place aux autres. Je me demande d'ailleurs comment Llewella prend le fait qu'un rejeton de Corwin puisse mettre le nez dans ses affaires...

Citation :

"Selene, fille de Florimel et comme vous l'a si brillamment exposé ma cousine d'un illustre inconnu."

Oui, la ressemblance des traits ne m'avait pas trompé. Il s'agit bien de la fille de Flora... En voilà une qui, au moins, reste modeste. C'est louche. Les plus discrets sont parfois les plus fourbes, agissant dans l'ombre quand tous leur accordent une confiance aveugle. Le fait qu'elle soit la fille de ma parente la plus proche n'est pas suffisant pour que j'ai confiance en elle. Cela serait, de toutes manières, suicidaire.

Tout le long de la présentation, mon sourire reste le même, accueillant et cordial - avec un on-ne-sait-quoi de distant et ironique, ne marquant aucunement mes pensées et mon sentiment. Mon regard se pose alors sur Trame, qui tarde à se présenter. Je mangerais bien une pomme - j'ai faim.

Maintenant qu'elle avait fait son tapage, la demoiselle pourpre restait en retrait et observait. Elle aurait pu répondre à Thaïs et Eloïs concernant la "première dame", mais il était bien plus instructif de les laisser donner leurs avis. La justification était simple : Quelque soit son rang, une mère n'est elle pas toujours la première dame pour ses enfants ? Mais elle s'était contentée d'un des sourires rayonnants qu'elle sortait à tout va. Peut être en avait elle trop dit, mais elle avait abattu cette carte puisque de toute façon, le secret de son don était déjà bien effilé et que Merlin s'apprêtait à faire une démonstration après laquelle tous le monde serait au courant. Mais ce qu'elle avait surtout chercher à faire, c'est donner l'exemple pour que les autres se lance de la même manière dans l'énonciation de leurs capacités. Et même Thaïs qui, étant passée avant elle, n'en dirait rien... Sa réaction devant les pics était très enrichissante.

"Ainsi tu suis la voie de ton père, cousine ? Aurais tu des ambitions personnelles et des vues sur le trône par le plus grand des hasards ? Mais tu risques de rencontrer une certaine réticence de la part de... Mais de ceux qui se trouvent ici même, d'ailleurs. Mais va pour la fille d'Éric premier, il suffit de le ressortir au bon moment. Je crois que nous allons bien nous amuser, cousine, mais ne compte pas sur moi pour te disputer le trône, juste pour t'empêcher d'y parvenir." Pensa t-elle en observant Thaïs. Puis elle jeta un coup d'œil à Merlin. L'idée de Dara lui plaisait de plus en plus. Et cet Eloïs, lui qui aimait faire le fier ? Il ne serait pas un concurrent sérieux sans doute puisqu'il était déjà l'héritier de Rebma. Quoique, avec le jeune homme qui venait d'arriver... Martin aussi était héritier reconnu de ce même royaume. Reste à savoir ce qu'ils voudraient tous deux et Martin était aussi le fils unique du roi d'Ambre pour le moment. Elle avait sous les yeux un amusant spectacle de lute pour le pouvoir intégralement mené par des bâtards ou fils de bâtard. D'ailleurs, elle n'était pas plus légitime que les autres même si ses parents s'étaient presque disputé sa garde, mais la situation n'en était que plus cocasse encore.

"Déjà des frictions entre deux cousins, ils n'auront pas perdu de temps. Tant que les disputes restent amicales, j'ai plutôt intérêt à les encourager. Ainsi, ils prendront moins garde à cacher leurs secrets... Et voilà un jeune homme qui aime se donner un style, une fois de plus ! Est-ce une façon de se mettre en avant ou cherche t-il a suivre les traces de son père ? Un fils de Corwin devant la demoiselle d'Éric... Et le second qui ne dit rien. Les caractères sont vraiment très distincts." Elle observait toujours, se faisant magistralement oubliée après son coup de théâtre. Enfin, Selene s'avança mais se contenta d'une présentation très simple, comme si elle souhaitait elle aussi se faire oublier. Mais elle était restée effacée depuis le début. Rien d'étonnant puisqu'elle avait bien peu de connaissances sur sa famille... Il faudrait trouver un autre moyen de la jauger. Peut être en tête à tête ? Oui, elle se cachait bien trop derrière les autres...

Trame, Luck, Martin et Merlin encore. Mais pourquoi Julian n'amenait il pas le dernier ? Elle jeta un nouveau regard à son oncle mais Merlin se lança dans se présentation avec panache. Ce qu'il annonça confirma son intention de se rapprocher de lui. Elle pourrait apprendre beaucoup de sa part et il ne lui semblait pas tellement manipulateur, mais peut être n'était-ce qu'une impression. Sa démonstration de magie l'amusa, mais elle ce n'était pas un sort de très haut niveau. Ayant vécu entre Fiona et Mandor, elle ne risquait pas d'être impressionnée par ces petits tours de passe passe enfantins bien qu'elle ne soit pas capable d'en faire autant. La jeune femme repris la carte que son cousin lui tendait en répondant à son sourire, la fit tourner entre ses doigt et la remis dans sa sacoche.

- Très artistique, mais il aurait été encore plus impressionnant de les faire apparaitre en accordéon entre tes mains. Dit t-elle en riant.

Il présenta aussi Martin qu'elle avait déjà salué mais elle n'appris pas grand chose sur le fils du roi. Peut être n'y avait t-il rien à découvrir, ou peut être les apparences étaient elles trompeuses. A première vue, Martin ne l'intéressait pas beaucoup mais elle était assez maladivement intrigante pour ne pas se contenter d'un premier regard. Lui aussi il serait bon de lui parler à part, comme Selene. Et Trame ne s'avançait toujours pas. Pourquoi ce retrait ? Avait il quelque chose d'important à cacher ? Mais elle attendit, il n'avait plus le choix maintenant puisqu'il ne restait plus que lui.

J'observe avec attention les manipulations de Merlin. Quelles clés a-t-il utilisées ? Son sort était-il stocké dans les circonvolutions du Logrus, qu'il a dû appeler à lui en cet endroit ?

Lorsqu'il me tend le paquet de carte, je m'interroge sur la qualité de celles-ci. Sont-elles aussi valables que l'original ou permettent-elles à son maître copieur d'avoir une certaine emprise sur elles, un espionnage gratuit peut-être.

"Merci Merlin. J'aimerais que tu m'expliques un soir comment tu as tourné tout cela."

Je fait glisse la première carte du paquet dans ma main et la lui tend.

"Je te serais redevable si je ne te laissais pas une de ces copies."

*Et les dettes ne sont jamais bonnes dans la famille* pensais-je dans la foulée.

Je laisse Martin et Merlin se saluer, puis, sentant que les regards interrogatifs sont désormais posés sur moi, je fais valoir mon ticket dans la file.

"Pour ma part, je n'ai pas la prétention de pouvoir réclamer de trône qui n'est pas encore vaquant. Je suis simplement Trame, fils du Prince Bénédict et de Lintra Hendrake."

J'ai un sourire envers Merlin.

"Ce qui fait de moi ton cousin et ton arrière-grand-oncle."

Martin étant près de moi, j'en profite pour lui tendre la main afin de le saluer physiquement. Je préfère cela aux présentations lointaines, sans chaleur.

"Enchanté Martin."

Selene observait ébahie les manipulations de Merlin. Tout cela était bien loin des tours et des prestidigitations qu'elle avait pu observer sur l'Ombre-terre. Depuis le temps qu'elle trainait dans le milieu, elle aurait décelé le "truc" sans difficultés. Elle s'efforça de garder un sourire de circonstance et de ne pas paraitre trop surprise Elle espérait que ses années d'entrainement à feindre les émotions auraient raison de sa horde de nouveaux cousins.

Elle pris avec un sourire la carte que lui donnait Merlin et le remercia d'un voix douce. Elle observa le trait de sa cousine. Le dessin était fidèle à l'original. Le trait était plus léger, plus crayonné, plus "fou" que celui des atouts que lui avait donné sa mère. Comme si le caractère d'Ellipse elle-même transparaissait à travers sa façon de dessiner. La carte était froide au toucher. Rêveuse, Selene la glissa dans le petit étui qu'elle portait désormais à la ceinture.

"Toujours aussi m'as -tu-vu Merlin!"

Elle était tellement absorbée dans ces réflexions, qu'elle n'avait pas entendu arriver le nouveau venu. Elle sursauta comme une débutante et pesta intérieurement. Certes la journée était aux surprises et aux nouveautés. Mais elle se devait de rester sur ses gardes. Elle le savait déjà, aucune des personnes rassemblées ici n'hésiterai à lui planter un couteau dans la gorge si jamais elle se mettait en travers de sa route. La véritable question était : quelles étaient les véritables routes et motivations de chacun ? Elle se faisait l'effet d'un agneau perdu au milieu des loups. Il lui faudrait à son tour montrer ce qu'elle valait. Mais pour l'heure, l'humeur était aux belles manières et aux présentations.

* Et voici donc Martin, un nouveau cousin et pas des moindres, le fils du Roi en place, donc.

Selene laissa Trame se présenter avant d'esquisser une révérence vers le nouveau venu. Décidément, son ancien professeur de manières aurait été fière d'elle. Elle n'avait pas autant fait de courbettes depuis la fin du XIXème siècle !

Si elle avait bien suivi les remarques de son Oncle ils attendaient encore un certain Luck... Selene espérait qu'il ne tarderait pas trop. Si elle mettait utilement ce temps à profit pour cataloguer sa famille, elle devait reconnaitre que ces mondanités commençaient à l'ennuyer, surtout qu'elle n'en connaissait pas l'enjeu véritable. Il y avait sans aucun doute quelque chose de grave qui se tramait derrière se rassemblement familial.

Heureusement, son Oncle préféré (pour être exact, le seul qu'elle connu réellement) semblait lui aussi lassé de ces petits jeux mondains.

Elle faillit éclater de rire en l'entendant. Elle se serait crue dans "Le Maitre de Guerre". Mais, encore une fois, elle garda pour elle ses sentiments, mieux valait ne point trop tarder ni décevoir son Oncle qui, elle le sentait, n'aurait sans doute pas été flatté du rapprochement avec le beau Clint. Et elle tenait à garder son t-shirt !

Selene sourit donc à Julian et se dirigea curieuse, d'un pas décidé mais sans courir, vers une des tentes. Elle ne se faisait pas trop de soucis pour le timing, coquette quand il le fallait, elle avait aussi appris à faire vite. Le trajet à parcourir ne l'effrayait pas non plus. Elle sentait que pour une fois l'entrainement serait à mesure de ses capacités réelles, ce qui n'avait jamais été le cas auparavant. Dans son ancienne vie (enfin pas si ancienne que ca), elle avait toujours du se retenir, minimiser osn endurance, son agilité et son savoir-faire, déjà choquants pour une personne normale mais encore plus chez une femme. Elle espérait qu'au moins son oncle ne serait pas misogyne sur ce point.

Selene entra donc dans une des tentes au hasard, se dirigea vers un lit, pas trop près de la porte et commença à se changer, sans trop sembler se soucier de qui pouvait bien être entré dans la même tente qu'elle et/ou l'observer en petite tenue. De toutes façons ces nouveaux vêtements seraient bien mieux adaptés que sa jupe longue et le vert lui allait plutôt bien au teint. Elle pris le temps des nouer ses cheveux en une solide queue de cheval et de replier soigneusement ses anciens habits.

Elle observa tout ce temps les réactions de chacun de ses cousins. Curieuse de savoir lesquels allaient se rebiffer, faire valoir leurs privilèges, comment répondrait Julian, lesquels suivraient les ordres sans discuter et comment chacun choisirait ses quartiers. Jusqu'à ce qu'elle ait compris un peu mieux l'enjeu de la situation, elle était pour sa part bien décidée à garder profil bas. Du moins tant qu'on ne piétinerait pas ce qui lui tenait trop à cœur.

Ce n'était certes pas à ses tenues qu'elle attachait trop d'importance, et un peu d'exercice physique ne pouvait lui faire que du bien.

Nullement étonné par le ton pris soudain par mon oncle, je me dirige vers les tentes et choisis celle qui semble la mieux située tactiquement parlant, tant pour la défense nocturne que pour l'attaque éclair par le battant arrière. Une fois décidé, je m'installe, me bornant à déplacer ma couche pour éviter un coup de couteau ou de hache à travers la toile.

Je me change, laissant mes vêtements bien pliés sur mon lit, avant de passer les habits des rangers de Julian. J'adapte mon corps à la taille standard des vêtements, pour m'y sentir à l'aise, vérifiant que mon épée coulisse bien dans mon fourreau.

Une fois prêt, je sors et attend près du sergent instructeur, un sourire aux lèvres, mais sans mot dire.